[libre] Il fallait que je me méfie...

Mes crins se balançaient au rythme régulier de mes pas. Ma corne, tournée comme victorieuse vers le ciel, le port de tête haut, le pas gracieux et ample, de moi émanait la noblesse et la froideur. J’avais la chance de faire partie d’une race noble, aussi belle que puissante. Alors pourquoi avoir l’air malingre, ratatiné & misérable ? Je n’étais pas ainsi et je ne le deviendrais jamais.

Avec élégance, je passais au trot puis au petit galop dans cette plaine baignait dans la lumière lunaire qui dansait sur ma robe. Un petit galop qui évoluait à la même vitesse que le galop d’un cheval banal. Oui, ces eponalys qui s’étaient laissé berner par les humains, domestiqués puis finalement abrutir l’esprit. Ils ne possédaient à présent plus de magie, plus la vitesse ni la possibilité de communiquer avec la télépathie. Ils n’étaient qu’une erreur des humanoïdes.. Ils étaient détestables. Mais rapidement, une odeur me parvint. Différente de celle des fleurs qui ornait la plaine. Je reprenais précipitamment le pas pour finalement m’arrêter, les oreilles dressaient, aux aguets. Je n’étais pas peureux, juste méfiant. Car je savais que les humains pouvaient débarqués. Humain, falariel, elfe ou vampire d’ailleurs. Car ils étaient tous aussi pitoyable les uns que les autres. Et de part ma mauvaise expérience plus jeune, je savais qu’il fallait que je me méfie de leur fourberie....

Une fine brise soufflait doucement, faisant bruisser les feuilles de l'arbre contre lequel était assise Ema. L'elfe se reposait, les yeux mi-clos, avant de reprendre sa marche. Elle finit cependant par se relever, mit son sac sur son épaule et grimaça en sentant une vive douleur lui traverser le bras, souvenir de la veille. Elle avait eu la malchance de tomber sur une bestiole - une espèce totalement inconnue pour elle - qui n'avait pas hésité à lui sauter dessus et à lui griffer le bras... Résultat, cet espèce de ragondin à ressort lui avait servit de déjeuner. Et du coup, Ema était en rogne contre tout animal qui ressemblait à celui-ci de près ou de loin.

L'elfe ayant repris sa route marchait déjà depuis un bout de temps lorsqu'elle crut apercevoir quelque chose au loin. Elle ralentit l'allure, et plissa les yeux, essayant de mieux voir. Au fur et à mesure qu'elle s'approchait, elle put enfin distinguer ce que c'était, et ouvrit de grands yeux, surprise. C'était un deltrana. Mais un comme cela, Ema n'en avait jamais vu. Il galopait avec grâce et dignité, chacun de ses pas étaient souples et élégants.

Elle continuait à marcher, lentement, son attention accaparée par cette bête noble qu'elle aurait voulu approcher d'encore plus près. Pourtant, celle-ci s'arrêta précipitamment pour continuer au pas, avant de s'arrêter totalement. Il a dû m'entendre, ou me voir, pensa l'elfe, un peu déçue d'avoir été la cause de cet arrêt brusque. Elle hésita, puis décida de s'avancer, en souriant d'un air avenant.

- Bonjour... Murmura-t-elle timidement.

Elle l'observa de plus près. Il semblait encore plus majestueux, plus impressionnant. Mais il la regardait avec un air méfiant, et la blessure à son bras se réveilla comme pour lui rappeler que les êtres inconnus n'étaient pas forcément sympathique, même avec un air tout mignon. Cependant Ema était sûrement trop téméraire ou trop folle pour songer à reculer...

Mes yeux gris/bleu se braquèrent alors sur la frêle jeune fille qui se tenait là. Je pus aisément déterminer que c’était une elfe. Et elle me salua. J’aurais pu déjà la perforer. Elle était folle de s’approcher ainsi de moi. Elle semblait adorable, mais j’avais très fortement envie de lui dire de passer sa route. Ce qu’évidemment je ne fis pas. Impassible, les yeux toujours braqués sur elle, ma si étrange queue fouettant l’air derrière moi, je ne savais quoi lui répondre. Première fois que cela m’arrivait.

Je tournais les oreilles en arrière. Non, je ne les plaquais pas, car quelque part, elle n’avait pas fait un signe d’agressivité a mon égard. Mais je n’aimais tout simplement pas les humanoïdes. Autre chose, je n’avais rien à craindre, je bloquais son pouvoir. Elle ne pouvait l’utiliser. Chose fortement pratique.

« Que me veux-tu ? »

Lui envoyais-je en message télépathique. Oui, je manquais d’un évident tact. Mais que voulez vous ? J’étais méfiant depuis toujours a cause de ce qui m’étais arrivé dans ma jeunesse. Et cela m’a forgé un caractère aussi discret et froid. Et ainsi, grâce à cette apparente froideur et cette méfiance, j’avais survécu. Je n’allais pas changer mes habitudes. Pas maintenant qu’elles avaient prouvés a quelles points elles étaient bien ainsi.

« Jeune elfe, tu es trop inconsciente. »

Second message télépathique. Pour lui faire comprendre ce que je pensais d’elle. Car elle l’était totalement. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait rien. Et quelqu’un de censé ne se serais pas approché aussi près. Surtout s’il avait remarqué ma longue corne aiguisé, prête à pourfendre le premier enquiquineur venu....

Ema observait l'eponalys, et ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait peut-être dû lui manifester plus de respect. Elle eut l'impression qu'elle aurait dû être plus méfiante aussi. Il était grand, galopait extrêmement vite, possédait des sabots plus durs que des diamants et une corne tranchante. Tout ça n'aurait pas été si grave si elle n'avait pas eu cette impression de déranger... Impression confirmée par la froideur de ce premier message télépathique. C'est vrai, pourquoi était-elle allée à la rencontre de l'eponalys ? C'était insensé... Il devait sûrement trouver sa venue désagréable et contrariante. S'approcher n'était peut-être pas une bonne idée... Mais après tout, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Et peut-être n'était-il pas si méchant que ça ?

Mais lorsque le second message lui parvint, l'elfe frissonna et ne put s'empêcher de faire un pas en arrière, convaincue qu'elle aurait mieux fait d'éviter. Inconsciente ? C'était un mot trop faible pour la définir. Même si elle commençait à se rendre compte de la folie dont elle avait fait preuve en s'approchant autant, elle ne connaissait pas réellement la chance qu'elle avait de ne pas s'être faite empaler au premier regard posé sur l'eponalys. Pour quelle raison suis-je venue jusqu'ici... ? Elle ne cessait de se poser cette question. Pourtant, malgré que la peur commençait à prendre possession d'elle, elle ne songea pas un instant à fuir. Après tout, à quoi cela aurait servit ? S'il lui en voulait, il la rattraperait facilement. Et même pour un danger, ce n'est pas très poli de s'enfuir comme ça... Et surtout, ce n'était pas le genre d'Ema. Elle préférait affronter les dangers. Même si parfois, les éviter valait mieux.

- Euh je suis désolée... Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous déranger.

Sa voix était douce, mais peu assurée. L'elfe hésita, puis recula de plusieurs pas. Ce n'était pas pour fuir ou parce qu'elle avait peur ; C'était parce qu'elle se doutait que l'eponalys ne devait pas apprécier qu'elle soit aussi proche, malgré qu'il y ai tout de même pas mal de distance. Et puis elle était décidément un cas désespéré : malgré que sa raison lui dictât de partir le plus vite possible, elle avait envie de rester encore un peu... Assurément, elle tentait le diable. Mais s'il lui demandait de partir, elle ne le contrarierais pas - il valait mieux, si elle tenait à la vie. Déjà que celle-ci ne tenait qu'à un fil...