{_ Avec un espion... [Terminé ]

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Une sorte de tristesse m’envahit lorsque je revois la capitale. Une sorte de mélancolie surtout. Falariel... Je savais au plus profond de moi que j’en étais une. Mais sa, personne d’autre le savait. Personne ne savait non plus mon âge, mon histoire. Ni même ma véritable apparence. Tout cela, c’était gravé au fond de mon cœur. A chaque fois que quelqu’un me demander ces informations, je lui mentais. On ne me connaissait pas. Ou alors très peu. Ceux qui pensait me connaître se tromper. Grâce à mon pouvoir de métamorphose, je pouvais me faire passer pour n’importe qui. Grâce à mon pouvoir, je pouvais fuir n’importe qui. Mon identité changée au gré de mes apparences. Insaisissable ? Oui, assez. Mais généralement, j’utilisais deux apparences, c’était avec celles-ci qu’on me retrouver. La première, une jeune fille aux cheveux roses, et aux yeux soit bleu soit rose, selon mon envie. La seconde, une femme un peu plus vieille, aux longs cheveux vert foncés & aux yeux verts. J’avais adopté, pour la journée l’apparence de la femme aux cheveux verts.

Je pressais le pas. Le chemin était encore long jusqu’à la ville, je n’en discernais pour l’instant que la vague silhouette. La dernière fois que j’avais emprunté ce chemin, j’étais avec Lui ... Mon doux, tué quelques semaines plus tôt. Mon cœur ne s’était toujours pas rétabli. Si j’avais été blessé, ce coup aurait été un coup de grâce pour moi. Disons que l’on m’avait méchamment touché, en s’en prenant à lui. En le tuant, on m’avait en partie tué. On ne pouvait s’en prendre en moi, alors on l’avait atteint lui. Une façon sournoise de me faire du mal. Mes poings se serrèrent, tandis que je retenais une larme. C’est à partir de ce moment là que j’avais sans cesse changer d’apparence.

En entrant dans la ville, les gardes me jetèrent un coup d’œil. J’avais l’impression d’être une brebis qui rentrait dans une forêt grouillante de loups... S’ils savaient, les pauvres ! Je n’étais pas sans défense... Pourtant, j’accélérais le pas. Je paraissais inoffensive, et au plus profond de moi je l’étais. Je me savais fragile, la simple vu du sang m’effrayer. J’avais horreur de me battre. La plupart du temps, je fuyais le combat, ou si j’y étais contrainte, j’essayais de l’éviter, en calmant le jeu. Je savais mieux manier l’art de la parole que l’art des lames.

Autour de moi, la ville était débordante d’activité. Nous étions en début d’après midi, le soleil brillait, il faisait chaud, le ciel était dégagé et d’un bleu extraordinaire. Partout, j’entendais crier, appeler, héler. Je n’avais pas de destination précise. Je n’allais faire que me balader, en quête d’informations utiles. Les commères, qui trainaient non loin du marché avaient toujours des choses intéressantes à raconter... Non, non, je n’arriverais pas à supporter leurs piaillements longtemps... Il fallait que je trouve autre chose...

Perdue dans mes pensées, je ne faisais pas attention à ce qu’il se passait autour de moi. C’est alors que je me cassais lamentablement la figure sur le sol pavé de pierre grise, après avoir trébuché sur quelque chose. Un seul mot me vint a l’esprit ; Aïe...

Je l’ignorais royalement. Je venais de me casser la figure, me ridiculisant, et me faisant mal. Alors évidemment, je n’étais pas d’une excellente humeur. Je jetais un coup d’œil à l’homme qui m’avait parlé. Rapidement, je fis le tour de ma mémoire. Phil Vif Argent, Humain, Espion. Ok, je savais à quoi m’en tenir. Me relevant avec l’élégance et la dignité qui me restaient, je lui répondis, avec un sourire doux sur les lèvres :

« Ce qui est sûr, c’est que sa pourrait aller mieux... »

Je passais rapidement mes mains sur mes vêtements, pour les épousseter. Je prêtais un peu plus attention au jeune homme. J’étais sûre de l’avoir déjà rencontré. Mais avec mes pertes de mémoires occasionnels, j’avais du mal à me souvenir des différentes personnes que je rencontrais. Tout ce que je savais sur lui, c’était grâce à des amis, qui m’alimenter régulièrement en informations sur d’autres gens. Ainsi je savais qui je pouvais côtoyer sans danger, et avec qui je devais me méfier. Lui, par contre, il ne savait certainement pas qui j’étais. A moins que l’on ai enfin mis mon nom sur un visage ? Peut être, peut être pas. Je suis si changeante !...

« Qui êtes vous ? »

Simple question, pour être sûr de ne pas me tromper. Et au pire, s’il ne se doutait pas que je le connaissais déjà en partie, il serait plus simple à approcher. Enfin bon. Je jetais un regard à un marchand, a coté. Il se retenait de rire de moi. Je n’aimais pas ce sourire idiot sur ses lèvres. Je pris le poignet de l’homme, l’entrainant a ma suite, nous éloignant de l’endroit où j’étais tombée & donc du marchand. Je me fichais de ce qu’allait penser l’homme, je ne l’avais pas prévenu, et d’ailleurs, pourquoi l’aurais-je fait ? S’il avait vu la tête du marchand, il aura certainement comprit mon initiative... Au bout d’un moment, je le relâchais et me retournais vers lui, avec un sourire légèrement désolé sur les lèvres.

« Je n’aurais pas supporté longtemps le marchand. Il se retenait de se moquer de moi... »

J’avais beau être gentille, quand on se moquer de moi, je devenais légèrement... Enfin, vous aurez certainement compris. J’étais assez susceptible...

Phil sortit deux pommes de sa cape. Je refusais poliment d’un geste de la tête. Je n’étais pas idiote. Ses paroles m’avaient mis la puce à l’oreille. C’était à cause de lui que j’étais tombée. Je n’allais pas me venger. Ou du moins pas tout de suite. Quand l’occasion se présenterait, il n’y échapperait pas. Rancunière ? Non. Simplement il m’avait tourné en ridicule, pourquoi ne pas faire pareil avec lui ? Puis il continua. Je l’écoutais attentivement. Je ne me trompais pas. Je lui fis un grand sourire, et répondis, aimablement :

« Enchanté Phil. Il est très probable que nous nous soyons déjà rencontré, mais que vous vous souveniez de moi m’étonne. Généralement, on m’oublie rapidement, on me voit une fois, rarement deux...Seriez vous en train de dire que le vert ne me va pas ? »

J’avais dis la dernière phrase sur un ton innocent. Je réfléchissais à nouveau. Oui, sincèrement, il était probable que je l’ai déjà rencontré, puisque j’avais déjà rencontré pas mal de monde. Mais je ne parvenais pas à me souvenir de tous... Il serait très étrange que quelqu’un se souvienne de moi ! Je changeais souvent mon apparence, parfois de façon très radicale. La seule chose que j’évitais, dans mes transformations, était d’avoir des yeux rouges et la peau trop pâle. Cela me ferait ressembler à un vampire. Or j’avais horreur des vampires. Bon, Philippe avait déjà du voir cette apparence. C’était l’une des deux que j’utilisais le plus. Enfin.

« Voudriez vous que je me change ? Peut être sera-t-il plus a votre goût que j’adopte une apparence moins...verte ? »

J’avais repris son adjectif. Verte... Sa me faisait penser à un marin, perdu en plein océan, un jour de tempête et qui avait le mal de mer... Etrange comparaison, je sais. Surtout que je n’avais jamais pris le bateau, et je m’étais que rarement approcher des quais. Pourtant, je restais en admiration devant les galions et les trois mâts, qui étaient tout simplement splendides. Je n’étais certes jamais monté sur un bateau, mais j’avais déjà parcouru la mer. Grâce a mon pouvoir de métamorphe, me changer en oiseau, ou en dauphin, était très simple. Et, ce don, que je possédais, j’en étais très fière. Pouvoir ainsi voler était le rêve de tout ceux qui ne pouvait, glisser dans l’océan était le rêve de ceux qui ne savaient nager, et pouvoir écouter au portes, sous l’apparence d’un simple oiseau, était certainement le rêve de pas mal d’espions. Moi, je pouvais tous les réaliser. Combien de secrets avais-je ainsi glané, au détriment de d’autres qui se donner plus de mal ? Cependant, écouter les pensées des autres devait être très utile, pour pouvoir distinguer le mensonge de la vérité, l’hypocrisie de la franchise. J’aurais aimé pouvoir lire dans l’esprit des autres, aussi... Seulement je ne pouvais avoir tout.

« D’où venez-vous ? »

J’avais volontairement évité de dévoiler mon identité, posant une autre question à la place. Si Phil n’était pas trop idiot, il saurait que je ne voulais pas lui dire mon nom. Et s’il était curieux, il chercherait à savoir pourquoi...

Je remarquais son étrange précision, lorsqu’il replaçait le fruit dans sa cape. Des mouvements rapides, précis. Je pouvais aisément deviner qu’il n’était pas un bourrin. Il avait du manier l’arc, ou quelque chose du genre, auparavant. Je le voyais mal avec une épée dans les mains. J’enchaînais, après ses premières paroles :

« Un nœud rouge ? Ne suis-je déjà pas assez voyante comme cela ? »

Il s’était adosser contre un mur tout proche, se mettant visiblement à l’aise. Il est vrai que rester tout le temps debout était dérangeant. Mais j’en avais l’habitude. Il semblait réfléchir à toute allure. J’entendais presque les engrenages de sa réflexion tournaient à toute vitesse. Je retins un sourire, qui aurait pu être déplacé. J’écoutais ses autres paroles. Cette fois, je pus sourire. Il ne cessait de me complimenter.

« Si je peux vous donner une indication, je suis à la fois tout le monde et personne. J’ai autant de noms que d’identités et autant d’identités que de visages. Je le vois dans vos yeux, vous comptez chercher des informations sur moi. Je ne vous enlèverez pas cette tâche, la prochaine fois que nous nous reverrons vous me direz ce que vous avez trouvé. Pour l’instant, appelez-moi simplement Chrystale. »

Chrystale... Pourquoi ce nom me demanderez-vous. Simplement car c’était le nom de ma jeune sœur, décédée à la naissance. S’il cherchait avec ce nom là, il ne trouverait rien. Il apprendrait juste le décès d’une jeune fille nommée Chrystale, nom relativement commun sur Exodus. Sa ne l’avancerait à rien. Je me demandais sincèrement comment il allait se débrouiller, car je ne l’aidais pas. De plus, pour cette ville, j’étais morte depuis le jour où j’avais rencontré Zack. Depuis que je l’avais rencontré, lui, je n’étais plus retourné à Neridia après. Les personnes qui avaient sûrement eu de mes nouvelles après mon départ devaient avoir rejoints la tombe depuis longtemps. S’il devait commencer ses recherches, ce n’est pas ici qu’il trouverait quelque chose d’intéressant... Peut être à Elvendil, et encore. Mais il lui aurait fallu connaître Zack. Ou peut être à la capitale des elfes. J’avais eu un cours séjour là bas. Les autres personnes qui pourraient le renseigner étaient cependant rare. Vraiment, pour connaître mon identité, il allait avoir du mal, beaucoup de mal. Mais ce n’était pas mon problème.

« Il est vrai que la vie au grand air est attrayante, mais sans vouloir paraître indiscrète, quels sont vos talents ? A part cette saisissante précision ? Seriez-vous archer ? »

Je savais déjà tout ce qu’il me fallait savoir. Mais si je ne posais pas de question, il risquait de se méfier. Cependant, il me restait des paramètres inconnus. Son pouvoir, s’il en avait un ? Ses relations ? Son passé ? Son présent ? Je ne connaissais hélas sur lui que le strict minimum. Cela me suffisait, mes des informations complémentaires étaient toujours les bienvenues.

Je ne pus m’empêcher de rire. Un rire léger, fluide. Mais je repris, plus sérieuse, avec cependant un sourire sur les lèvres.

« Ne me prenez pas pour une sotte. Vous êtes un Espion. Serez-vous au moins capable de deviner mon propre secret ? »

Non, je n’étais pas blonde. J’étais même d’une extrême perspicacité sous mes airs d’ingénue. Oui, grâce a ce caractère malléable et sournois, je passais souvent pour une sotte, une femme qui ne va pas chercher plus loin que le bout de son nez. Facile, donc, pour moi, de dénicher les secrets des autres, de les inciter à me faire confiance. Qui craindrait une idiote ? Personne. Je continuais, toujours avec mon sourire sur les lèvres :

« Mais faites moi dont part de cette...Condition et de ce prix, pour pouvoir requérir a vos services. On ne sait jamais, je pourrais avoir besoin de vous... »

Ou jamais. Je me suffisais à moi-même. Et au pire, j’avais mon propre réseau d’espions. J’étais loin d’être démunie. Mais sa, il ne le savait pas. Mais je me posais une question. Il semblait agir seul. L’était-il réellement ou était-ce une façade ? Dans un monde où il faut se méfier de tout le monde... Nouveau sourire. S’il apprenait mon secret, j’étais morte. Dans tout les sens du terme. S’il l’apprenait & qu’on arrivait a m’attraper. Chose réellement dur. Comment pister quelque chose qui change toujours de forme, qui peut passer de la sylphide au vautour ? Je reportais mon attention sur Phil.

« Connaissez-vous d’autres tours de magies ? Où est ce là le seul embryon de magie que vous possédez ? Dans ce monde où tout le monde a des pouvoirs, cela doit être triste de ne pas en posséder un, non ? »

Supposition totale. Je ne savais pas s’il avait réellement un pouvoir. Le pire des catastrophes était s’il avait la capacité de lire dans les esprits. Mais j’en doutais. Au mieux, il me répondrait avec franchise. Au pire, il ne ferait qu’une réponse vague, presque hors sujet...

Ce fut avec surprise que je découvris une broche qui m’appartenait dans sa main. Comment... ? Je ne pus cependant pas m’empêcher de sourire. Je l’écoutais attentivement. Il laissait clairement entendre qu’il ne possédait aucun pouvoir, donc je n’avais rien à craindre. Puis il me rendit ma broche, que je m’empressais de ranger dans l’une des poches de ma cape. Phil recommença son monologue, puis remit son capuchon. Voulait-il repartir ? Peut être. Nouveau sourire.

« Comment faire confiance a un espion, qui vends les secrets durement dissimulés pour vivre pauvrement ? »

Une simple phrase. Oui, car je avais que sa dernière phrase n’était rien qu’une promesse dans le vent. Enfin, même pas une promesse. Une simple phrase, existant simplement pour me réconforter, aveugler ma méfiance. Mais je le connaissais. Je le connaissais comme je connaissais tout les espions. On ne peut leur faire confiance. Je ne tomberais pas dans le panneau. Je ne suis pas aussi idiote tout de même...

Même si cela me dégouter, j’étais espionne. Je faisais partie de ces gens qui, sans aucun remords vendent des gens, pourrissent des vies, dévoilent des choses qui auraient du restées caché. Combien de vies avais-je détruit, rien qu’en ouvrant la bouche ? Combien Phil avait-il détruit de vies en ouvrant la bouche ? Et combien de vie avions nous détruit, tout les espions, rien qu’en formulant une seule phrase ? Beaucoup. Beaucoup trop. Mais nous vivons ainsi, nous n’avons pas le choix. Mais si ma vie était à refaire, je ne choisirais pas ce métier. Je suis peut être l’une des seules à penser cela. Les espions me dégoutent. Ils finiront tous en enfer. Moi y compris. Oui, de toute façon, même si je n’avais pas été espionne, j’y aurais fini. Alors bon.

Tant de choses me reviennent
Que le temps n’efface pas

Je sens presque l’odeur de pourriture qui régnait dans les cachots. Je sens presque l’humidité sur ma peau, l’air, lourd, comme avant un orage. Un orage qui n’arrivera jamais. Je ressens mes ailes brisées, entravées, infectées. Je ressens presque, à nouveau, mon cœur qui bat à cent à l’heure, ma peur, omniprésente, dans un univers qui semble hors du temps, et qui n’est pas le mien... J’entendrais presque les gémissements des torturés, revois les allées & venue devant ma cellule, les regards haineux de ceux qui osent poser leurs regards sur moi. Est-il compréhensible de ne pas vouloir y retourner ? C’est pourtant ce qui va se passer si on me dénonce...

Simple regard vers Phil. A mon avis, la discussion est terminée. Il n’a rien d’autre a m’apporter. Je ne suis pas sûr d’avoir entendu sa réponse, m’étant perdue plusieurs minutes dans mes pensées. Mais tant pis.

Nouveau sourire. Je le regardais s’éloigner. Je ne porterais pas seulement un nouveau, mais aussi une nouvelle apparence... Il disparut rapidement de ma vue. Et je me retournais. Je devais partir, à présent. Je me mis en marche, me transforma en un chat blanc et disparut rapidement, en me faufilant a travers les jambes des passants.

[ END ]